Projet parentalité en Essonne

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Des milliers d’enfants à la rue


A la veille de la rentrée scolaire en septembre 2022, le Collectif des Associations Unies (CAU), l’UNICEF, la FCPE et le collectif Jamais sans Toit se sont mobilisés afin d’alerter sur le nombre d’enfants vivant à la rue. Dans la nuit du 22 au 23 août 2022, plus de 1 600 enfants dormaient à la rue – dont 368 de moins de 3 ans – faute de solutions d’hébergement proposées suite à d’appels au 115, soit une hausse de 86% par rapport au début de l’année. Ce chiffre est alarmant, d’autant qu’il ne prend pas en compte l’ensemble des familles qui n’appellent plus le 115, par découragement face aux nombreuses fois où l’appel n’a pas abouti. Il ne prend pas non plus en compte les familles qui vivent en habitat précaire tel qu’en bidonville, où l’on estime que près de 35% des personnes qui y vivent en France métropolitaine ont moins de 15 ans.

Le 21 novembre dernier, au lendemain de la Journée internationale des droits de l’enfant, a eu lieu le premier conseil des ministres des enfants protégés puis un premier conseil interministériel à l’enfance. A la suite desquels, le ministre de la Ville et du Logement, Olivier Klein, s’est engagé à ne “plus avoir aucun enfant à la rue cet hiver”. Ce dernier a également indiqué qu’il n’y aurait plus de familles expulsées de leur logement et de leur lieu de vie informel, sans solutions alternatives, d’ici à la trêve hivernale.

 

Pourtant, des expulsions de lieux de vie informels où vivaient des familles, ont eu lieu pendant la trêve hivernale.

Par ailleurs, selon le rapport sur l’état du mal-logement 2023 de la Fondation Abbé Pierre, le 19 décembre 2022 “on comptait encore 4 029 familles refusées le soir-même par le 115 dont 1 172 enfants et même 335 de moins de trois ans.”

 

Dans le cadre de ses actions, ACINA accompagne des familles vivant en situation de mal-logement et de précarité dans leur insertion via l’accès aux droits, à l’emploi et à terme au logement. Si ces actions permettent aux familles une amélioration générale de leurs conditions de vie, il n’en est pas moins nécessaire de porter une attention particulière aux plus vulnérables notamment les enfants et les jeunes. Beaucoup sont nés en France et on parle alors d’une “génération platz” n’ayant connu que la vie en bidonville, dans la très grande précarité et en marge du droit commun. Sur les sites où n’intervient aucun acteur associatif, très peu d’enfants sont scolarisés. Lorsqu’ils le sont, ballotés au gré des expulsions, leur parcours scolaire est constamment mis à mal.

 

Un projet Enfance et Parentalité développé par ACINA en Essonne


Depuis plus d’un an, l’équipe d’ACINA en Essonne intervient de façon hebdomadaire auprès d’une trentaine de familles vivant sur un bidonville situé à Corbeil-Essonnes où l’on dénombre une soixantaine d’adultes et une quarantaine d’enfants âgés de 0 à 17 ans. Les familles y vivent dans des conditions de très grande précarité et sans accès aux besoins de première nécessité (eau, électricité, ramassage des déchets). Par ailleurs, par méconnaissance et éloignement des structures d’accès aux droits, avant l’intervention d’ACINA, aucune famille n’avait de droits ouverts. Les visites hebdomadaires de l’équipe sur le terrain et l’organisation d’ateliers sur site, dans une démarche d’aller-vers, ont permis la création d’un lien de confiance, menant les familles à progressivement exprimer leurs besoins et à se saisir de l’accompagnement proposé.

Sur le terrain, aucun enfant n’est scolarisé. Par ailleurs, il va sans dire que la précarité des conditions de vie et l’absence de logement ont des impacts particulièrement néfastes sur ces derniers, à tous les niveaux. En termes d’accès aux droits, mais également en termes psychologique, émotionnel, social, cognitif et de santé mentale de manière large, à une étape cruciale du développement.

 

Face aux besoins constatés, l’équipe d’ACINA en Essonne a souhaité renforcer ses actions auprès des enfants et des jeunes sur ce terrain, via le déploiement d’un projet Enfance et Parentalité visant l’accès aux droits des enfants d’une part et un travail au bon développement psychique et cognitif des enfants d’autre part via la réalisation d’activités ludiques et de soutien à la parentalité. Après de multiples actions sur le terrain, ACINA s’est rapprochée de l’association Chemins d’Enfances, afin de leur proposer d’intervenir dans le cadre du projet. L’association Chemins d’Enfances œuvre en faveur de l’épanouissement des enfants qui vivent en situation de précarité et d’exclusion. Les actions proposées visent à favoriser le bon développement des enfants et l’acquisition de compétences émotionnelles et sociales à travers le jeu.

Chemins d’Enfances travaille également dans une dynamique d’aller-vers, au moyen d’un camion itinérant et de matériel adapté. Leurs ateliers se déroulent en deux temps, une heure de jeu libre et une heure de jeu dirigé visant à travailler le vocabulaire en français, la communication, le respect de règles en groupe ou encore le lien parents-enfants. 

Après deux expérimentations sur le terrain auprès des enfants, Chemins d’Enfances a démarré une intervention deux fois par semaine lors des vacances scolaires jusqu’en avril. A chaque atelier, une dizaine d’enfants vivant sur le bidonville participent et les parents sont amenés à prendre part à l’atelier s’ils le souhaitent, ce qui s’est passé progressivement. En parallèle, ACINA propose d’autres activités sur le terrain (ateliers socio-esthétique, informations collectives, etc.) et accompagne progressivement les familles qui le veulent dans leur insertion sociale et professionnelle.


A la suite du projet, “Sur le bidonville, nous avons eu une jeune fille de 13 ans qui a verbalisé son souhait d’être scolarisée, tout comme ses deux frères de 10 et 11 ans. Nous avons RDV avec le papa vendredi pour l’accompagner au CCAS en vue d’une domiciliation. Les parents souhaitent trouver du travail et être accompagnés par ACINA dans leur insertion socio-professionnelle !” expliquait début février Anaïs Pruvost, travailleuse sociale spécialisée en insertion professionnelle chez ACINA en Essonne.

Le projet continue à être déployé et des actions d’information et de sensibilisation sur le terrain sont prévues par l’équipe tout au long de l’année, en parallèle des démarches d’accompagnement socio-professionnelle menées par ACINA avec les familles et des activités animées pour les enfants. 

 

Au vu des premiers résultats obtenus, l’équipe souhaite essaimer le projet sur d’autres lieux d’intervention où les besoins sont similaires.