Accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène : ACINA s’associe à Action Contre la Faim et Solidarités International

  • Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Actualités

Dès mars 2020 dernier, dans le contexte d’un premier confinement national, Action contre la Faim (ACF) et Solidarités International (SI) ont décidé d’intervenir dans les squats et bidonvilles en France métropolitaine ; ACF ciblant de nouvelles actions sur ces sites et SI ouvrant une mission en France. Forts de compétences trop peu présentes dans ces contextes, ils ont pu se raccrocher aux dynamiques collectives et partenariales locales déjà existantes en créant de nouveaux groupes de travail sur la question de l’accès à l’Eau, à l’Assainissement et à l’Hygiène (EAH). Un collectif d’acteurs associatifs d’Ile-de-France qui interviennent quotidiennement sur ces questions s’est alors rassemblé autour d’eux pour unir compétences et savoir-faire. Ce long travail collectif de terrain auquel ACINA a pris part se poursuit depuis et a notamment débouché sur la publication d’un rapport co-rédigé qui propose un état des lieux de l’accès à l’EAH dans les lieux de vie informels en France.

Une mise en commun des expertises des acteurs associatifs

Historiquement engagés sur des actions à l’international, Action contre la Faim et Solidarités International ont souhaité rassembler les acteurs associatifs locaux pour intervenir collectivement sur les questions d’EAH dans les lieux de vie informels. “Ils ne connaissaient pas forcément les publics, l’environnement politique, et l’écosystème des bidonvilles en France. Un collectif sur l’eau s’est donc construit à l’échelle de l’Ile-de-France, où tous les acteurs associatifs volontaires étaient présents pour les aiguiller. On a joué un rôle de relais mais aussi de personnes ressources.”, nous explique Maxime Lopez, chargé de partenariats chez ACINA.
ACINA contribue à l’identification et à la localisation des lieux de vie, au partage de connaissances sur leur fonctionnement (équipements, besoins, rapports entre les habitants, environnement), participe aux diagnostics EAH, facilite le dialogue entre acteurs et habitants et enfin, aide à la construction d’un plaidoyer local à l’échelle d’un site et à la mise en relation avec les pouvoirs publics.
Aujourd’hui encore, ACINA est quotidiennement en relation avec le collectif et notamment avec Solidarités International, qui a pu raccorder plusieurs sites à l’eau depuis le début de la pandémie.

Compiler bonnes pratiques et ressources dans un document référence

Chemin faisant, l’idée de codéfinir des normes et standards en matière d’EAH a rapidement émergé. En effet, l’invisibilité des bidonvilles en France ne permet pas d’appliquer les standards internationaux d’eau par habitant définis dans la charte de l’ONU, et les ressources disponibles sur le sujet sont rares. “Ce référentiel sert premièrement à donner une boîte à outils aux acteurs qui voudraient intervenir sur ces questions. Deuxièmement, c’était aussi pour fixer un cadre minimal d’intervention, faire du plaidoyer, et troisièmement, pour donner des propositions d’action avec leurs avantages et inconvénients respectifs.”, précise Maxime.
Le recul de terrain d’ACINA a permis d’enrichir ce guide de leurs bonnes et mauvaises expériences. “On a contribué en apportant des éléments sur la connaissance du public, sur le rapport avec les pouvoirs publics et la société civile, et des données en termes de prix, de construction, d’ingénierie de projet, de gestion courante, et de participation des habitants. Ce document est la synthèse d’un travail collectif de longue haleine qui se poursuit encore.”, raconte Maxime.
Ce travail collaboratif a également permis de répondre par l’exemple à quelques interrogations notamment sur la faisabilité technique et le coût réduit de telles interventions mais aussi la capacité d’appropriation des habitants des squats et bidonvilles.

ACINA poursuit ses actions de plaidoyer pour appuyer les interventions

Des toilettes sèches écologiques avaient été installées sur un site sur lequel ACINA intervient en partenariat à l’époque avec l’association Toilettes du Monde (TDM). Depuis, ACINA supervise la gestion quotidienne et l’entretien de ces équipements assurée par les habitants eux-mêmes. Néanmoins, l’association n’a pas l’expertise métier ni les capacités techniques, financières et humaines d’assumer seule une intervention de cette ampleur sur d’autres sites. “C’est intéressant de profiter de la présence d’ACF et de SI car aucun acteur comme ça n’était présent sur les bidonvilles sur cette question-là.”, nous dit Maxime.
ACINA fait le relais des propositions de Solidarités International auprès des autorités et des habitants, notamment en termes d’organisation quotidienne sur les sites. “Pour aller plus loin, on privilégie désormais les interventions collectives. L’amélioration des conditions de vie sur les bidonvilles booste nos accompagnements. Au-delà de l’accès à un droit fondamental, on touche là à des questions de dignité. Cela renforce la confiance des personnes, améliore leur quotidien, le rend plus simple et permet donc aux personnes de plus aisément s’inscrire dans un parcours d’insertion. C’est essentiel pour le travail que l’on mène avec eux.”, explique Maxime.
En effet, une bonne hygiène facilite grandement les processus d’insertion qu’il s’agisse de l’impératif de propreté des enfants encore demandé par certains établissements scolaires, ou de présentation à un rendez-vous professionnel ou administratif mais elle garantit également une lutte contre la propagation ou le développement de maladies (respect des gestes barrières par exemple) au regard des conditions de vie globales dans les squats et bidonvilles et des singularités de certains sites, parfois pollués.

ACINA participe également à la Coalition Eau et poursuit le plaidoyer en faveur de l’accès à l’EAH. “Notre enjeu en Ile-de-France c’est que ça devienne une réalité, au moins dans la volonté : aujourd’hui, il y a quelques communes qui se sont lancées mais c’est encore minoritaire. Si demain un territoire est prêt à donner son accord, on peut répondre de manière collective.”, conclut Maxime.

https://www.actioncontrelafaim.org/publication/garantir-lacces-a-leau-a-lassainissement-et-a-lhygiene-dans-les-lieux-de-vie-informels/

https://www.solidarites.org/wp-content/uploads/2018/05/SI-ACF_Garantir-lacces-EAH-lieux-informels-de-vie_032021.pdf