Le projet ACINA, c’est avant tout de reconnaître les aptitudes, capacités, capabilités, compétences des personnes que nous rencontrons sur les bidonvilles et les squats, afin de les insérer économiquement et socialement. Pour ce faire, ACINA accompagne les personnes dans l’ouverture de leurs droits, leurs recherches d’emploi, et in fine de logement.
ACINA valorise les expériences antérieures des personnes suivies ainsi que ce qu’elles font aujourd’hui en France pour survivre afin de leur permettre de trouver un travail en harmonie avec leurs capacités et leurs désirs. Ce vécu, nous le croisons avec notre savoir-faire pour que toutes les potentialités trouvent à s’exprimer.
Favoriser le pouvoir d’agir et l’empowerment
Saul Alinski, considéré comme le père fondateur du Community organizing écrit que “L’homme n’est pas qu’un homme économique. Il n’est un homme à part entière que s’il est assuré de contribuer au bien-être social général et de jouer un rôle essentiel dans la communauté d’intérêts, de valeur d’objectifs, qui donnent sens à la vie et aux gens.”. Cette pensée est partagée par ACINA, qui, au-delà du bien-être économique, se soucie également de la liberté des esprits et du développement du pouvoir d’agir en vue d’une insertion durable. Les travailleurs sociaux et conseillers en insertion professionnelle d’ACINA accompagnent ainsi les personnes dans le cadre d’un parcours articulé autour de leurs besoins, leurs demandes et désir d’avenir.
Les équipes de l’association mènent également tout un travail de sensibilisation et d’information qui permet de donner aux personnes la possibilité de s’impliquer dans toutes les démarches réalisées. Des informations collectives et des ateliers sur le droit à la domiciliation, le travail en France, l’accès à la santé, le droit à des conditions de vies dignes ou encore des thématiques concernant les enfants ou l’approche par le genre, permettent aux personnes accompagnées de “reprendre la main” sur leur vie et de pouvoir faire des choix éclairés. Des cours de français sont également animés par des bénévoles dans chacune des antennes d’ACINA pour que la maîtrise de la langue ne soit plus un frein à l’expression, afin que chaque personne soit autonome dans sa capacité à communiquer et échanger, sans recourir à terme à nos services.
A l’inverse, des personnes accompagnées par ACINA sont invitées à intervenir sur des temps d’informations pour transmettre des pratiques, créer des échanges et valoriser leurs savoirs et compétences. Des auto-entrepreneurs, des personnes qui ont été accompagnées par ACINA, qui vivent en centre d’hébergement, Solibail ou logement, des personnes en emploi, bénéficiaires des cours de français, constituent des ressources intéressantes pour les informations collectives que nous proposons. A travers un processus d’empowerment, signifiant entre autres la capacité à accéder à l’autonomie (l’équivalent en français n’existe pas vraiment mais nous le retrouvons sous d’autres intitulés, “empouvoirement”, “pouvoir d’agir”, “capabilité”, etc.), les personnes suivies par ACINA parviennent progressivement à travailler leur pouvoir d’agir en France et à reprendre le contrôle de leurs vies.
Créer des opportunités pour les personnes accompagnées
La force d’ACINA vient de notre capacité à “aller vers” les personnes en situation de précarité, sur leurs lieux de vie. Nous n’agissons pas uniquement à partir des demandes des personnes qui viendraient nous solliciter, nous allons vers celles et ceux qui ont besoin de notre soutien. Par conséquent, le travail d’ACINA consiste, à partir de cette rencontre, à imaginer de nouvelles opportunités, outre celles qu’ils se sont déjà créées dans le cadre de leurs projets migratoires. ACINA apporte ainsi une expertise sur des sujets qu’ils ne connaissent pas, ou peu, tels que l’accès aux droits et l’insertion sociale et économique selon les normes reconnues en France. Afin de contrer un schéma où la personne suivie s’appuie intégralement sur le travailleur social, représentant “celui qui sait“, ACINA fait le choix de favoriser la participation des personnes à des questions sociales, économiques et politiques, allant au-delà de la relation d’aide.
Dans ce contexte de crise sanitaire sans précédent, la participation des usagers, l’empowerment, la confiance en soi, ainsi que le développement personnel, représentent des enjeux cruciaux dans le travail social. Nous nous engageons dans cette réflexion partagée et souhaitons aller encore plus loin dans l’accompagnement des plus précaires. L’approche centrée sur le Développement du Pouvoir d’Agir (DPA) des personnes et des collectivités, le Community Organizing, formalisée par Yann Le Bossé, est au cœur de la formation de nos salariés. Par ailleurs, le recrutement d’une chargée de mission pour développer l’accès à la culture et au loisir permet de donner encore plus de place à celles et ceux que nous accompagnons. Chaque département, sur son antenne, est en train de mettre en place des temps d’accueil collectifs réguliers qui auront vocation à offrir un espace d’expression et de prises d’initiatives aux usagers. Dans le Val de Marne, l’équipe organisera une crémaillère de leurs nouveaux bureaux, avec les usagers, dès que les restrictions sanitaires seront levées. Ils pourront s’impliquer dans les aspects théoriques de l’accompagnement et décider avec les travailleurs sociaux des modalités d’accueil, de l’intérêt de mettre en place des permanences numériques, des horaires les plus pratiques pour les cours de français ou participer au recrutement des bénévoles.
Toute notre méthodologie se veut inclusive, autant que faire se peut, pour donner tout l’espace possible à chacun en vue de la réalisation de son insertion. Notre avis n’est évidemment pas au centre de leurs projets de vie. C’est pourquoi nous agissons avec les personnes, pour envisager ensemble une sortie des bidonvilles, en respectant leurs limites. Les Projets Locaux d’Insertion et de Résorption (PLIR) que nous envisageons dans les années à venir seront tous pensés avec les premiers concernés. Ce qui peut faire obstacle, comme les dynamiques de groupes et les interdépendances, se transforment en des leviers pour la construction de ces projets.