Ce mois-ci, nous vous présentons Justine, 28 ans, bénévole chez ACINA au siège à Paris depuis septembre 2020. Professeure des écoles, elle aide Florentina toutes les semaines dans son apprentissage du français. Entre adaptation des méthodes d’apprentissage et création de lien, elle nous raconte son aventure bénévole chez ACINA.
« J’ai toujours voulu être enseignante, à part peut-être quand j’étais petite et que j’avais envie d’être chanteuse » plaisante Justine. Après une double licence en bio-philo, Justine a intégré un master enseignement, éducation et formation (MEEF) premier degré au terme duquel elle a passé le concours interne de recrutement de professeurs des écoles (CRPE).
Après sa titularisation, Justine a enseigné en France auprès de classes élémentaires et c’est au Canada (NDLR : où elle a travaillé pendant deux ans) qu’elle a découvert l’enseignement auprès des maternelles.
« En rentrant en France j’ai eu envie de poursuivre avec ces classes d’âges en REP (NDLR : Réseaux d’Education Prioritaire), ce qui est le cas aujourd’hui. L’école est un vrai tremplin dans les milieux défavorisés. »
Justine a connu ACINA via Auriane, une de ses proches, anciennement bénévole à l’association. Depuis septembre 2020, elle fait des cours de français en individuel avec Florentina.
« J’ai toujours été assez touchée de voir tant de familles et personnes à la rue et j’ai donc toujours voulu m’engager dans l’associatif, sans vraiment trouver le temps. J’étais assez stressée au début lors de la préparation des premiers cours, je tâtonnais un peu pour savoir sur quoi travailler, j’avais besoin de comprendre quels étaient les besoins et évaluer le niveau. »
Justine passe quelques heures dans la semaine à préparer son cours, qu’elle essaie de rendre varié au niveau des formats et thèmes abordés afin que le cours reste animé.
« Le fait de pouvoir échanger avec Manuela (NDLR : conseillère en insertion professionnelle à Paris) régulièrement sur l’avancée du parcours d’insertion de Florentina est très utile, avoir eu son CV m’a permis de comprendre dans quelle direction elle souhaitait aller. J’ai toujours eu les réponses aux questions que je me posais. »
Au-delà du cours, c’est également une relation qui se crée.
« Le courant avec Florentina est vite passé. Elle m’a parlé assez facilement de son parcours de vie, mais c’est venu plus tard dans les échanges, je ne souhaitais vraiment pas être intrusive. Je crois que ce qui a aidé au début c’est que Florentina n’a pas du tout peur de parler, même s’il y a parfois quelques petites erreurs. Parfois, elle me traduit certains mots en Roumain, ce qui casse la dynamique très formelle que pourrait avoir un cours ! C’est très agréable de travailler avec elle, elle est très volontaire, ponctuelle, respectueuse. »
Cette mission permet à Justine de mêler son envie d’engagement à l’enseignement du français, « même si avec des adultes c’est vraiment très différent, il faut trouver des ressources adaptées sans entrer dans des choses enfantines. »
En effet, au fil des cours, Justine explique qu’elle a dû déconstruire plusieurs choses.
Certaines des personnes accompagnées par ACINA ont été peu ou pas scolarisés dans leur pays d’origine, le chemin est long pour l’apprentissage de la langue.
« J’ai dû déconstruire la manière dont se déroule un cours, moi quand j’apprenais une langue étrangère j’avais l’écrit pour apprendre l’oral, là ce n’est pas le cas. Le fait d’avoir été à l’école nous enseigne aussi certaines choses qui nous semble innées, des formats que l’on intègre sans en avoir conscience, des consignes simples d’exercices (relier, barrer, entourer, écrire sur une ligne, etc.) qui ne sont pas évidentes dès le départ. Ce bénévolat me permet également d’avoir une vision plus globale des difficultés auxquelles font face les personnes dans leur processus d’insertion et des enjeux de l’apprentissage de la langue : prendre confiance, « habiter » le pays dans lequel on est, s’y sentir plus à l’aise, être autonome, trouver un emploi et dans lequel on sera sûr d’avoir une position égalitaire avec les gens, de comprendre les codes. »
Finalement, pour Justine, accompagner les personnes dans leur apprentissage du français c’est faire en sorte que « la langue ne soit pas ou plus un élément discriminant ».
Le fait que Justine soit professeure des écoles peut l’aider sur certains aspects mais selon elle, « c’est une mission que tout le monde peut faire, tant qu’il y a la volonté d’accorder du temps. Dans tous les cas, ce sera positif pour la personne de passer 1h à parler français. Avec le temps aussi on se sent davantage à l’aise, on propose des choses qui sont plus pertinentes et également parce que la réussite ne repose pas que sur les épaules du/de la bénévole mais aussi sur la volonté de l’apprenant.e. Il s’agit d’une rencontre entre une personne qui a envie de transmettre et une qui a envie d’apprendre. Il faut aussi avoir la capacité et la volonté de se remettre en question si les choses ne fonctionnent pas comme on l’aurait pensé, ne pas hésiter à poser des questions si l’on a besoin. »
Justine ajoute finalement que « Parfois on souhaite s’engager, mais c’est difficile de sauter le pas, on ne sait pas par quel bout le prendre, il faut oser envoyer un mail, se présenter, on veut viser haut en se disant que l’on veut faire une mission à fort impact, mais à partir du moment où l’on devient bénévole on comprend que même si c’est auprès d’une personne, ça a beaucoup de sens, en quelques mois on peut aider quelqu’un. Du côté des associations, je pense qu’il faut des processus de recrutements simples, on n’a pas forcément envie d’avoir à écrire des CV et lettres de motivation pour devenir bénévole ! »
Recommanderais-tu à quelqu’un.e de s’engager chez ACINA ? 😊
« Oui ! »
Nous profitons de ce témoignage pour remercier chaleureusement tous les bénévoles engagés auprès d’ACINA pour leur précieux soutien !
N’hésitez pas à nous écrire à benevolat.acina@gmail.com si vous souhaitez rejoindre notre belle équipe de bénévoles, nous serons ravis de vous accueillir !