Ce mois-ci, nous vous présentons l’histoire de Maria, arrivée en France en 2011 et accompagnée par ACINA depuis 2019. Après avoir été contrainte de changer régulièrement de lieu de vie, Maria est aujourd’hui hébergée à l’hôtel avec ses enfants.
“Je m’appelle Maria, j’ai 36 ans, je suis roumaine et je suis arrivée en France en 2011.”
Lorsque Maria est arrivée en France, elle s’est d’abord installée à Lagny-sur-Marne (77), où elle a rejoint sa mère et son frère qui y vivaient. Elle est ensuite partie s’installer en Essonne (91). “La première fois que je suis arrivée dans le 91, j’habitais à Bondoufle avec mon mari et son père. Avant d’arriver à l’hôtel en 2020, on a toujours habité dans des squats, bidonvilles ou maisons abandonnées. On a habité partout, à cause des expulsions on devait toujours partir.” De Bondoufle d’où Maria et sa famille ont été expulsés, ils sont partis à Grigny, puis à Evry, de nouveau à Grigny, à Lagny et enfin à Corbeil-Essonnes.
Malgré les changements incessants de lieu de vie, Maria a toujours fait de la scolarisation de ses enfants une priorité. “J’ai 8 enfants, dont 6 qui sont encore avec moi, les deux plus grandes sont parties, et je suis enceinte du 9ème en ce moment. Les enfants ont toujours été scolarisés. Même quand on a été expulsés et que j’ai dû retourner vivre un temps à Lagny, je me levais à 5h du matin pour emmener les enfants à l’école à Grigny avant d’aller travailler.” raconte Maria. Elle ajoute également qu’elle a de bons rapports avec l’école qui est au courant et comprend la situation. Lorsque la famille a été expulsée de Grigny, Maria a appelé l’école pour expliquer que les enfants ne pourraient pas venir pendant quelques jours, le temps de trouver une solution. “J’appelais tout le temps le 115, on me disait qu’il n’y avait pas de place, même l’assistante sociale de l’école les a appelés. Elle nous a aussi aidé à trouver des fournitures pour les enfants.” Aujourd’hui Maria a une fille au lycée et tous les autres enfants sont toujours à l’école à Grigny, et tout se passe bien. “Mes enfants comprennent bien le français, ils aiment l’école, ils vont faire des études, trouver un travail et je suis très contente de ça.” dit Maria en souriant.
Avant de connaître ACINA, Maria avait fait des démarches à Bondoufle pour obtenir une domiciliation et s’était inscrite à Pôle Emploi et y était allée pour quelques rendez-vous. Mais lorsque la famille a été expulsée de son lieu de vie “nous avons tout perdu” raconte Maria. Par la suite, elle a rencontré un monsieur à la mission locale de Grigny, qui l’a aidé à faire une domiciliation, une Aide Médicale d’Etat (NDLR : AME explications) et à inscrire les enfants à l’école. De son côté, Maria faisait la manche, afin de trouver de quoi subvenir aux besoins de sa famille. “Un jour alors que je faisais la manche, j’ai rencontré un monsieur dans la rue qui m’a donné l’adresse de l’association ARPE après qu’il ait compris que je cherchais du travail.” L’Association de Réinsertion par l’Emploi, est une structure d’insertion par l’activité économique dans divers domaines (nettoyage, manutention, entretien d’espaces verts, restauration, aide à la personne, etc.), située à Ris-Orangis.
“J’ai travaillé pendant 2 ans avec ARPE, 2/3h par jour. Je faisais surtout du ménage et de l’aide à la personne. Comme je travaillais, j’ai pu faire tous les papiers et obtenir une carte vitale. J’ai dû arrêter en 2020 parce que j’ai accouché. Mon mari lui a travaillé un temps à la fin des marchés, pour nettoyer.” explique Maria.
Quand Maria a rencontré ACINA, en 2019, elle habitait alors dans une maison abandonnée à Grigny. “C’est quelqu’un qui m’a donné le numéro d’ACINA. (NDLR : Maria ne se souvient plus qui). Quand je suis venue la première fois, j’ai expliqué ma situation, on m’a donné un rendez-vous, c’est d’abord Maëva qui m’a accompagnée, et maintenant c’est Diara, elle est très gentille (NDLR : Diara Babou est travailleuse sociale à l’antenne du 91 et s’occupe entre autres, de l’accompagnement social de Maria et sa famille). J’ai ensuite eu plusieurs rendez-vous, ACINA m’aide beaucoup et m’a toujours aidé et donné des coups de main quand j’avais besoin, pour la CAF, la carte vitale et pour la demande de logement social que l’on doit renouveler chaque année.” raconte Maria.
Le français, Maria l’a appris toute seule, et avec l’aide de ses enfants. “Je parlais souvent avec mes enfants qui rentraient de l’école, ils m’ont aidé à apprendre. Parfois, je venais en rendez-vous avec mon fils Roméo qui m’expliquait pour être sûr que je comprenne bien. La première fois que l’on m’a donné une adresse pour un travail, je ne savais pas comment y aller ! C’est mon fils qui m’a expliqué. Petit à petit, j’ai appris.”
Depuis avril 2020, Maria et sa famille ont accédé à un hébergement à l’hôtel à Corbeil-Essonnes. Il sont actuellement en attente d’un logement social. Une proposition leur a été faite, loin de leur lieu de vie actuel et surtout loin de l’école des enfants. Ils sont ainsi en attente d’une solution plus proche.
Aujourd’hui, elle vit donc toujours à l’hôtel avec six de ses enfants et son mari. “Les enfants vont toujours à l’école et mon mari cherche du travail, il a eu un rendez-vous chez Pôle Emploi pour commencer à prendre des cours de français. Moi je vais accoucher et après je veux trouver un nouveau travail. Je veux vraiment travailler, les aides de la CAF ne sont pas suffisantes pour payer la nourriture, les vêtements pour les enfants, etc. J’aime bien travailler, je peux tout faire, on verra ce que je trouve.” nous confie Maria.
Pour l’avenir, Maria aimerait avoir une proposition de logement avec sa famille, “travailler pour aider mes enfants. J’aime bien ici, les enfants sont trop contents. J’aimerais qu’ils puissent faire des études pour trouver un travail. Ma fille a fait un stage à la boulangerie qui s’est très bien passé.” raconte Maria, qui ajoute ensuite “Si tu aimes quelque chose avec le cœur, tu fais le maximum pour y arriver.” Une phrase qui reflète l’énergie avec laquelle Maria avance dans son parcours d’insertion.
Maria devrait accoucher d’une petite fille dans les prochains jours. Nous lui souhaitons à elle ainsi qu’à sa famille toutes nos félicitations !