Nous vous présentons ce mois-ci l’histoire de Iudit. Arrivée en France en 2019 et accompagnée par ACINA à Paris depuis octobre 2021, Iudit vivait sur le bidonville de Gentilly depuis avec sa mère. Du bidonville, à l’emploi et à l’hébergement, elle nous a raconté son parcours, que nous vous proposons de découvrir.
“Je m’appelle Iudit, j’ai 33 ans , je suis roumaine et je suis venue en France en 2019. Je suis arrivée toute seule, ma mère était déjà là depuis une dizaine d’années.”
Avant de rencontrer ACINA, Iudit vivait sur le bidonville de Gentilly depuis plusieurs années, elle n’avait aucun droit ouvert – mais quelques démarches entreprises – et aucun emploi en France. “J’avais déjà déposé les papiers pour l’Aide Médicale d’Etat avec l’aide de Nicolas Clément (NDLR : bénévole au Secours Catholique) qui vient sur le bidonville depuis 3 ans pour aider pour les inscriptions à l’école, le travail, les domiciliations et les AME.” explique Iudit.
L’équipe d’ACINA à Paris a démarré des visites régulières sur le bidonville au mois de septembre 2021. “J’ai rencontré ACINA il y a 1 an, Manuela (NDLR : conseillère en insertion professionnelle à Paris) est venue sur le bidonville pour discuter avec nous. Elle m’a donné un rendez-vous dans un lieu à proximité du bidonville où ACINA venait 1 fois par semaine pour tenir des permanences. Elle m’a expliqué comment faire pour apprendre le français, pour travailler en France, etc. Les rendez-vous se sont très bien passés, j’en avais souvent, on a fait tous les papiers avec Manuela. Après 2 ou 3 mois je suis allée à l’école pour apprendre le français, et en même temps on a continué avec Manuela à faire le CV, à chercher un travail, etc.” raconte Iudit.
Iudit a effectué des cours de français avec l’association ADAGE (Association d’Accompagnement Global contre l’Exclusion) pendant plus de 3 mois, une association qui propose, entre autres, des cours de français à des femmes n’ayant jamais été (ou peu) scolarisées. Iudit a ensuite intégré le Dispositif Première Heures (DPH), pendant 6 mois, embauchée par la Conciergerie Solidaire de l’association Aurore. Mis en place par la mairie de Paris, il s’adresse à des personnes qui connaissent ou ont connu la rue et qui sont très éloignées du monde de l’emploi et vise un retour vers une activité professionnelle : quelques heures de travail par semaine couplé à un accompagnement permettant de lever les freins périphériques (accès logement, santé, etc.). “J’ai travaillé là pendant 6 mois, je faisais du ménage, du bricolage et de l’entretien d’espaces verts quelques heures par semaine.” explique Iudit, “Un contrat qui lui a permis d’entamer les démarches pour l’ouverture des droits sociaux” ajoute Manuela.
En juin 2022, Iudit a obtenu un CDDI (Contrat à Durée Déterminée d’Insertion) d’1 an renouvelable “Je travaille 26h par semaine à La Ferme du Rail à Ourcq. Je travaille les plantes, les légumes, la serre, le compost, ça se passe très bien, avec mon chef et mes collègues aussi. Je continue à voir Manuela, je lui transmets certains papiers, elle continue à m’aider quand j’ai besoin. Manuela m’a toujours aidé pour mes rendez-vous que ce soit pour la carte vitale, le médecin, le travail, l’hôtel, etc. Ce n’est pas le cas de tout le monde, ça m’est déjà arrivée depuis que je suis en France que pendant un rendez-vous on ne regarde même pas mes papiers ou qu’on me dise qu’ils ne sont pas bons, qu’ils sont faux et qu’ils faut en rapporter d’autres, mais quels autres ? C’étaient les vrais, les seuls que j’avais. Manuela, elle, m’a toujours aidé, elle a toujours été patiente.” précise Iudit.
Après plusieurs années de vie en bidonville, Iudit et sa mère ont accédé à une place en hôtel stabilisé lundi 3 octobre dernier “L’hôtel est dans le 19ème, il est bien, on a chacune notre chambre avec ma mère, avec une salle de bain chacune, un petit frigo, et une cuisine collective.” détaille Iudit. Liliana, la mère de Iudit, à intégrer le Dispositif Premières Heures à son tour et travaille depuis quelques mois au sein de la Conciergerie Solidaire de l’association Aurore.
“Pour l’avenir j’aimerais un appartement stable, mais je sais que c’est très long en Ile-de-France. Je veux continuer à bien travailler, voir si mon contrat est renouvelé et je veux continuer à travailler dans les espaces verts ou le bricolage, je suis manuelle.” ajoute Iudit en souriant.
Par ailleurs, Iudit participe régulièrement à des ateliers collectifs au sein d’ACINA, elle a notamment participé aux ateliers CV-vidéos et prend part au projet Femmes, développé par ACINA, dont nous vous avons déjà parlé plusieurs fois, pour en savoir plus, c’est par ici.