À la rencontre des travailleuses et travailleurs social.es d'Acina
ACINA c’est en premier lieu une équipe d’une quinzaine de travailleuses et travailleurs social.es, déployée sur 4 départements d’Île-de-France (75, 91, 93, 95). Elles et ils accompagnent, en proximité, des personnes vivant en habitat indigne vers de meilleures conditions de vie.
Pour rappel, chez Acina, l’accompagnement socio-professionnel adapté à chacun.e c’est :
Plusieurs milliers d’entretiens individuels physiques et téléphoniques réalisés chaque année
Des permanences accessibles à tous.tes sans rendez-vous organisées chaque semaine ou deux fois par mois dans les antennes
Plusieurs dizaines d’ateliers collectifs sur des thèmes variés, proposés dans nos locaux ou directement sur les lieux de vie.
Cela représente plus de 400 ménages accompagnés chaque année par celles et ceux qu’on appelle “TS” (travailleurs et travailleuses social.es). Soit plus de mille personnes!
Quelles sont les atouts de cette super équipe rendant possible un accompagnement de cette envergure ?

Une large maîtrise technique
Les TS d’Acina sont capables de mener à bien des démarches sociales ayant trait aussi bien à la santé qu’au logement, en passant par le travail ou encore la scolarisation.
Cela permet de ne pas multiplier les interlocuteurs et les déplacements pour les personnes accompagnées, lesquelles peuvent créer un lien de confiance avec “leur” travailleur social. Cependant, cela leur demande d’acquérir des connaissances techniques et juridiques variées ainsi que maîtriser de nombreux outils informatiques spécifiques au travail social.
Exemple récent sur le terrain – Sara qui est travailleuse sociale dans le 95 a pu gérer en l’espace d’un unique entretien : une première connexion à l’espace en ligne de l’assurance maladie, la co-écriture avec la personne concernée d’une demande de logement social, et une communication avec Pôle emploi pour annuler une période de radiation. Elle a ensuite tout de suite convenu avec la personne d’un prochain rendez-vous, dédié cette fois-ci à la rédaction d’un CV, afin de commencer une recherche d’emploi. En parallèle, elle a dû gérer l’orientation d’urgence d’une famille avec 4 enfants, qui risquait de se retrouver à la rue le soir même – bien que cela ne relève normalement pas des missions d’Acina. Cela fait des journées bien remplies !
Face aux difficultés éventuelles, les TS peuvent aussi compter les un.es sur les autres. Professionnel.les de l’action sociale, de l’humanitaire, de la santé, diplomé.e.s en sciences politiques et humaines, juristes – entre autres – les membres de l’équipe ont des profils et formations variés permettant une réelle complémentarité et entraide. De plus, des journées dédiées au partage des connaissances et à la formation sont régulièrement organisées chez Acina.

Un investissement sur le temps long
» – Certaines structures ne permettent pas à leurs assistantes sociales de passer beaucoup de temps avec chaque personne. Ici, on travaille sur le long terme.”
– C’est vraiment un travail de fou ! Par exemple, j’accompagnais une dame qui a réussi à avoir un logement en “seulement” 1 an et demi… mais on se voyait toutes les semaines ! «
Mounia puis Sara, TS dans le 95
A Acina, les accompagnements s’étalent souvent sur plusieurs années. Les rendez-vous donnés par les TS sont d’une heure minimum, et la durée peut être rallongée lorsque, par exemple, la personne ne parle pas du tout français ou bien a besoin de démarches particulièrement longues.
Une ouverture à l’autre dans son individualité
Les TS d’Acina cherchent à mettre en place un dialogue sympathique et bienveillant, où les expériences, talents, besoins, envies et compétences de chaque personne peuvent s’exprimer. L’accompagnement proposé prend toujours la forme d’une co-construction, où la priorité est donnée à la liberté de choix et d’action des premiers concernés. Une attention particulière est accordée au fait de ne pas faire « pour » mais « avec » les personnes, afin de les outiller et les soutenir vers l’autonomie, en vue d’une insertion durable.

Exemple récent sur le terrain – Anaïs, TS dans le 91, accueille Madame Z. qui se rend à la permanence de l’antenne car elle rencontre des difficultés pour faire sa déclaration de revenus à la CAF. Madame Z. parle et lit très bien le français et est à l’aise avec son téléphone – Anaïs se rend compte que ce qui lui manque pour pouvoir faire cette démarche toute seule, c’est simplement un peu de confiance en elle.

Une vraie connaissance des terrains
“ Ce qui est bien avec Acina, c’est que les filles [les travailleuses sociales], elles viennent voir où on habite et comme ça elles aussi disent que non, c’est pas possible de vivre dans ces conditions “ Corina, accompagnée par Mounia, TS du 95.
Les équipes de TS d’Acina organisent en moyenne 1 visite par semaine par antenne en squat, bidonville, en hôtel 115 ou à domicile.
“L’aller-vers” est une particularité de l’accompagnement d’Acina, Il s’agit de mieux comprendre les conditions de vie des personnes accompagnées, de tisser des liens de confiance mais aussi:
Pour les personnes qui ne connaissent pas encore Acina, de sensibiliser les personnes à l’accompagnement qui peut leur être proposé, avant d’inviter les familles aux premiers entretiens dans nos locaux ou permanences.
Pour les personnes accompagnées, de les remobiliser dans les moments de découragement.
Une ténacité face aux difficultés
“Moi, j’ai eu une première expérience négative avec un assistant social qui me disait tout le temps que je ne pouvais pas faire certaines démarches, que ça n’allait pas marcher. Je crois qu’il était raciste. Rien n’avançait alors j’ai dû faire beaucoup toute seule de mon côté. A un moment, j’en ai eu marre et j’ai demandé au CCAS de changer d’assistant social. C’est là que je suis arrivée à Acina. Ici, je trouve qu’ils s’occupent très bien des personnes, ils sont gentils, ils expliquent, ils forcent quand ça bloque et ça se voit qu’ils donnent de leur intérêt à nous accompagner.”
Corina, accompagnée par Mounia, TS du 95
Que ce soit pour bénéficier d’une couverture maladie, accéder à un logement, trouver un travail etc. les démarches à effectuer sont nombreuses, complexes et très chronophages. De plus, les situations de discriminations restent fréquentes dans les parcours d’insertion des personnes migrantes et demandent de redoubler d’efforts.
Enfin, il arrive que l’avancée du parcours d’insertion soit bloquée par des dysfonctionnements institutionnels difficiles à contourner. Dans le cas de Corina, pour que sa demande de logement sociale soit jugée prioritaire conformément au DALO (Droit au Logement Opposable) il aura fallut 5 tentatives et une procédure de recours pour que soient enfin pris en compte tous les éléments qui lui donnaient ce droit.
Les travailleur.euses social.es d’Acina luttent quotidiennement contre tous ces obstacles, n’hésitant pas à faire appel à la justice lorsque cela s’avère nécessaire. Les TS peuvent alors compter sur l’appui d’un pôle juridique dédié.
Être “TS” c’est se donner du mal tous les jours pour accompagner des personnes dont les situations ne s’amélioreront sensiblement qu’après des années d’effort, étant donné la complexité des institutions françaises. Alors, comprenons leur travail et donnons-leur de la force!