De l’Ethiopie à Paris : le témoignage de Mahmud

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Depuis 2019, ACINA accompagne des personnes réfugiées dans leur insertion professionnelle. C’est par exemple le cas de Mahmud, arrivé en France en 2017 après près de huit années d’exil. Accompagné par ACINA à Paris depuis décembre 2019, Mahmud est revenu pour nous sur son parcours.  

Est-ce que vous pouvez vous présenter ? Depuis quand êtes-vous en France ? Quand avez-vous obtenu le statut de réfugié ?

Je m’appelle Mahmud NUR MOHAMMED, j’ai 36 ans. Je suis Erythréen mais j’ai grandi en Ethiopie (NDLR à la fin de la guerre et à l’indépendance de l’Erythrée en 1993, sa famille est restée en Ethiopie), c’est là-bas que je suis allé à l’école, que j’ai vécu.
Je suis arrivé en Europe en Italie, puis je suis allé en Suède (pendant 2 ans et 8 mois), en Allemagne (pendant 8 mois), en Hollande (pendant 3 mois), et je suis arrivé en France le 15 mai 2017.
J’habite à Paris avec mon fils et ma femme dans le 13ème arrondissement, dans un studio dans une résidence sociale gérée par ADOMA, depuis janvier 2020. Avant cette résidence sociale, nous avons habité dans des hôtels, pendant 2 mois à Saint-Denis et 2 ans à Paris dans le 20ème arrondissement. Lorsque ma femme a accouché nous avons pu emménager en résidence sociale.
Ma femme est Erythréenne (ils se sont rencontrés en Suède en 2013), elle a obtenu son statut de réfugié en 2018, mais le mien a d’abord été refusé. Suite à la procédure de recours, j’ai obtenu le statut de réfugié en 2019.

Quelle était votre situation avant d’être suivi par ACINA ? Comment avez vous connu l’association?

Avant d’être suivi par ACINA, je venais d’obtenir le statut de réfugié, je ne travaillais pas, et on habitait encore à l’hôtel avec ma femme et mon fils.
Quand j’ai obtenu le statut de réfugié, l’assistante sociale (NDLR : de l’hôtel du Samu Social dans lequel il habitait) m’a aidé à trouver ACINA pour trouver du travail. J’ai rencontré Manuela en décembre 2019. Nous avons déménagé dans la résidence sociale juste après.

Comment s’est passé l’accompagnement avec ACINA et Manuela, les étapes, les rendez-vous, etc. ?

L’accompagnement avec Manuela a commencé avec plusieurs entretiens ici (NDLR : dans les bureaux d’ACINA à Paris), puis il y a eu le confinement alors nous avons eu des entretiens par téléphone, c’était compliqué l’année 2020. Pendant les entretiens nous avons refait mon CV, une lettre de motivation, et la préparation à des entretiens d’embauche.
Manuela m’a aidé à trouver “Collectif Réfugié” ou je suis allé pour faire deux formations de français intensives, j’ai obtenu deux certificats et j’ai aussi pris des cours de français à l’OFII. En septembre, avec l’aide de Manuela j’ai commencé une autre formation (Destination emploi) de 3 mois avec le CREPI (Club Régional des Entreprises Partenaires de l’Insertion) avec des cours de français, et de mathématiques.

Quelle est votre situation actuelle ? Comment se passe le travail, les relations avec votre employeur, etc. ?

Depuis le 4 janvier je suis en en CDPI (Contrat de Professionnalisation Intérimaire) avec Humando pour faire une formation (rémunérée) de maçon-coffreur. La formation (alternance de cours techniques sur le métier de coffreur et de cours Français Langue Étrangère) dure jusqu’en mai, avec une période de stage en mars. La formation se passe bien, à la fin je pourrais obtenir un travail.
Nous sommes toujours dans la résidence sociale dans le 13ème avec ma femme et mon fils. Ma femme apprend le français.

Quelles sont les difficultés que vous avez pu rencontrer dans votre parcours depuis votre arrivée en France ?

La plus grande difficulté a été d’obtenir le statut de réfugié. Le système pour les réfugiés en France est difficile mais il y a aussi beaucoup de choses positives, il y a beaucoup d’associations. L’assistante sociale et une avocate m’ont aidé quand ma demande a été refusée à l’OFPRA. Quand j’ai rencontré ACINA, Manuela m’a beaucoup aidé aussi.
Une autre difficulté est d’apprendre le français. J’ai commencé par apprendre tout seul, j’apprends beaucoup par moi-même, comme l’anglais quand je suis arrivé en Suède. J’écoute beaucoup de vidéos que je trouve sur internet. Aujourd’hui je comprends bien le français mais j’ai encore du mal à le parler, l’écrire, le lire et j’en ai besoin pour travailler. Comme j’ai été en Suède, en Allemagne et en Hollande avant, où j’ai aussi essayé d’apprendre les langues, certains mots se confondent maintenant !
En France le système est difficile à comprendre aussi, spécialement à Paris, pour trouver un logement par exemple.

Quel est la prochaine étape, que voulez-vous pour l’avenir ? Qu’est ce que vous attendez encore, comment vous vous projetez ?

J’aimerai apprendre à mieux parler français pour passer le permis en France. En Ethiopie j’étais conducteur de taxi et de bus, à l’avenir j’aimerai continuer ici, mais j’ai besoin de mieux parler français, de l’écrire, le lire avant de pouvoir être conducteur de bus ici. Car j’aurais besoin de lire, si quelqu’un me demande une adresse il faudra que je puisse lui répondre, et aussi pour parler avec les collègues par exemple. Pour l’instant je continue à apprendre mieux le français et je fais la formation Humando pour travailler.
Je suis reconnaissant envers ACINA et surtout Manuela, je n’ai jamais eu dans ma vie quelqu’un qui m’a aidé comme ça, à part l’autre dame qui m’a aidé pour le statut de réfugié.