Le parcours vers l’école de Giovani, 11 ans

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Sorina, qui a accédé à l’emploi et au logement avec Acina nous partage son expérience autour de l’école. Son fils Giovani, qui n’était pas scolarisé quand la famille vivait en bidonville, est entré au CP, dans une école primaire de l’Essonne, une fois que ses parents ont obtenu un logement. Il a maintenant 11 ans et vient de rentrer en CM2.

[ La première inscription de mon fils à l’école ] n’a pas pris beaucoup de temps. J’ai eu une assistante sociale d’Acina qui s’est occupée de moi, elle a parlé à la mairie au téléphone puis moi aussi je suis allée à la mairie pour faire l’inscription. J’ai fait l’inscription le matin et, dans l’après-midi, ils m’ont dit que je pouvais emmener mon fils à l’école. Je pense que le fait que mon fils soit né en France et que j’avais le certificat en français ça a rendu ça plus facile. 

[…]

Au début, mon fils ne parlait pas beaucoup français. Quand il était plus petit [avant ses 6 ans] je n’avais pas la maison, et on restait à la baraque [au bidonville]. Quand il est arrivé à l’école, en 3 mois il parlait parfaitement ! Mais ce n’était pas facile pour lui, il n’avait plus de copains, plus de famille… Et pour la lecture, comme avec mon mari on ne connaissait pas du tout, c’était mon fils qui devait tout faire tout seul. Quand il n’arrivait pas, parfois il commençait à pleurer mais il a continué jusqu’à ce qu’il réussisse. Je voulais aider mais je ne pouvais pas, maintenant je parle un peu alors je pourrais mais il sait tout faire mieux que moi ! (rigole) Après pour te dire la vérité, je le laissais à l’école jusqu’à 18h30 pour qu’il puisse faire ses devoirs. Quand il arrivait pas à faire tout seul, je lui ai dit que c’était pas un problème, que je préférais payer en plus la garderie où il y a des personnes pour t’aider. J’ai payé pendant 6, 7 mois, même en vacances jusqu’à ce qu’il soit capable de faire tout seul. Je travaillais, mais c’était beaucoup, 11 euros par jour […] la mairie m’a dit que j’avais pas fait les démarches [pour que ce soit moins cher] mais je n’avais pas compris, c’était aussi ma faute. 

[…]

Mon fils est très sérieux, il va tout seul à l’école. J’ai de la chance, c’était pas loin – je regarde par ma fenêtre et je vois l’école. Mais il faut voir après, l’année prochaine c’est le collège et pour l’instant je peux pas dire où ça sera. J’essaie de parler avec la maîtresse pour aller au collège près de la maison. Mais peut être que je vais changer de maison, c’est pas un logement définitif. J’espère que je vais rester ici, mais ce n’est pas moi qui décide. Même si c’est loin, on sera obligés d’y aller! Si son père ne travaille pas, il ira s’occuper de lui. Pour l’instant je reste tranquille, c’est bien ici, on verra.

[…]

Mon fils aime beaucoup de choses. Il est petit mais il a déjà quelque chose dans la tête. Il a dit qu’il voulait être professeur, comme sa maîtresse. C’est pas sûr, et puis c’est pas moi qui décide. Moi je lui ai dit : Je te donne toutes les conditions, je travaille, j’ai la maison, je paie pour l’école. Pour moi, quand j’étais petite, c’était très difficile, mes parents n’avaient pas d’argent, pas de travail, c’étaient pas du tout les mêmes conditions que pour mon fils maintenant. Et les écoles dans mon pays étaient toutes payantes. Je dis à mon fils : Dis merci que je travaille pour toi et après c’est toi qui décide ce que tu vas faire.