L’histoire de Samir

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Samir et sa famille sont arrivés en France en 2012 Ils sont restés sur le même bidonville jusqu’à 2016 et ont ensuite survécu avec leurs enfants au gré des expulsions. Pour Samir, “c’était difficile surtout, car on ne pouvait pas mettre les enfants à l’école”. 

ACINA est la première et seule association à avoir accompagné la famille R. dans ses démarches.

Lorsque les équipes d’ACINA de Seine-Saint-Denis ont rencontré la famille, celle-ci n’avait aucun droit ouvert, elle n’était pas domiciliée et avait peu de perspectives d’avenir. C’est  avec le début de l’accompagnement, en 2019, que Samir et sa famille ont commencé à s’insérer socialement. Samir explique ainsi que “c’est ACINA qui nous a donné une chance, ils nous ont ouvert notre tête et nos yeux. Ils nous ont intégrés dans le monde”.

 Samir ajoute, avec émotion : 

 “ Je ne connais pas d’autre association, mais avec ACINA, c’est avec le cœur, ils nous ont beaucoup aidés, et j’ai parlé à d’autres gens qui disent pareil. Quand je suis venu, je n’avais pas de CAF, pas de maison, pas de travail ; maintenant, j’ai une maison, la CAF, ils m’avaient trouvé du travail et les enfants vont à l’école”

“ Même si je suis vieux, je dirais toujours à mes enfants de respecter ACINA pour toujours”.

L’expulsion de leur dernier bidonville : un tournant pour l’avenir

En novembre 2022, le bidonville où est installée la famille est menacé d’expulsion. Celle-ci a alors décidé pour la première fois de se mobiliser, et est venue chercher l’expertise de l’équipe d’ACINA Seine-Saint-Denis. Pour Samir, sans ACINA, ils n’auraient pas eu l’idée de se pourvoir juridiquement. Il nous explique : “Ce qui a changé dans l’expulsion de Bobigny, c’est qu’on a travaillé avec un avocat, car ACINA nous a permis de connaître nos droits ; comme je disais : ACINA nous a ouvert la tête, c’est ACINA qui nous a dit comment ça marche, la loi”.

Il ajoute que, même si le bidonville a été expulsé et qu’ils ont perdu à l’audience, si c’était à refaire, il le referait et que “s’il y a la chance de se battre et une association qui peut nous aider, c’est magnifique et il faut le faire”. 

Par la même occasion, il remet en question le système d’expulsions en dénonçant le manque de solutions : “Pour casser le platz, ils nous disent on vous donne des hébergements, mais les places d’hôtel [sont] pour trois jours, et après les personnes se retrouvent sur la route avec leurs enfants”

“Après Bobigny, on a dormi dans la voiture et c’était très difficile de dormir dans la voiture avec 5 enfants”. 

Suite à cette expulsion et à une période d’errance de deux mois où ils ont dormi dans une voiture avec leurs cinq enfants, la famille a pu intégrer un CHU dans le 94 grâce aux efforts conjoints des travailleurs sociaux d’ACINA 93. Samir explique ainsi, ému, que « s’il n’y avait pas ACINA, je dormirais encore dans une baraque ou dans une voiture”.

Il y a six mois, la famille a accueilli son sixième enfant, le premier à naître hébergé, ce qui constitue un grand soulagement pour Florentina et Samir : “ Mon petit bébé, qui a 6 mois, est le seul qui n’a pas habité dans un platz ; j’ai cinq enfants qui sont nés et ont grandi dans un platz. Ils n’avaient pas de chambre, c’était construit avec du carton. Maintenant, on a beaucoup évolué, avant nos enfants n’avaient rien vu, ils étaient toujours avec les gens du platz, maintenant ils voient tout ce qui est bien en France, ils ont droit à la vie. On veut que nos enfants ouvrent bien les yeux, avant ils ne savaient même pas dire bonjour en français, maintenant, ils connaissent le français”.

Un tournant qui offre de nouvelles perspectives pour cette famille 

Maintenant hébergés, les enfants sont scolarisés et l’espoir en l’avenir renaît pour toute la famille. Le rêve est enfin autorisé. Comme le dit Samir, les enfants “ont le droit à la vie”. 

Lorsque les équipes de Seine-Saint-Denis demandent à Samir quel est le métier dont il rêve pour l’un de ses enfants, il nous répond : “J’aimerais qu’un de mes enfants soit avocat, parce qu’il pourra aider les gens”. 

Tout ce que font Samir et Florentina, c’est pour leurs enfants, et l’école a une place particulièrement importante pour eux : “On avait une situation très difficile pour nous et nos enfants, mais on veut essayer de créer une autre situation pour nos enfants. Par exemple, on veut que nos enfants aillent à l’école, car nous on n’a pas eu cette chance”.

“ Avec ma femme, on veut s’intégrer, donc c’est pour ça qu’on a jamais loupé un rendez-vous. Pour ma femme et moi, la vie a été très difficile et on veut autre chose pour nos enfants”.