Le 27 mai dernier, ACINA est intervenue lors de la 6ème édition du Forum organisé par Youth 4 Change. Ce réseau international regroupe 63 organisations qui œuvrent en faveur de l’inclusion sociale et professionnelle des jeunes en situation d’exclusion. A cette occasion, Faustine Denis, conseillère en insertion professionnelle dans le Val d’Oise, Manuela Casalone, conseillère en insertion professionnelle à Paris et Flavie Slimani, stagiaire conseillère en insertion professionnelle, ont pu échanger avec les membres français du réseau sur les bonnes pratiques et les nouvelles manières de soutenir les réfugiés, du parcours de migration à l’inclusion.
Qu’entendons-nous par “jeune”?
Le Forum Youth 4 Change a ouvert la discussion autour des défis auxquels peuvent faire face les professionnels lorsqu’il s’agit d’accompagner des jeunes vers l’insertion et l’âge adulte. Dans le cadre du Forum, les jeunes réfugiés sont définis comme des personnes de moins de 30 ans.
“Chez ACINA, nous accompagnons des jeunes migrants d’origine intracommunautaire ou bénéficiaires de la protection internationale. Notre définition des jeunes varie en fonction des dispositifs, elle peut être est basée sur la tranche d’âge qui peut bénéficier d’un accompagnement dans le cadre de la Mission Locale, c’est à dire de 16 à 25 ans, ne concerner que les jeunes adultes, ou englober les 16-30 ans dans le cadre de notre action financée par le Plan d’investissement dans les compétences”, expliquent Faustine et Manuela.
De nombreux apprentissages essentiels au parcours d’insertion des jeunes
La barrière de la langue est bien souvent un premier obstacle dans l’insertion globale et l’accès à des formations. “Les jeunes réfugiés ont la plupart tous étudié dans leur pays d’origine avec un niveau bac ou plus élevé. Ils demandent l’équivalence mais parfois ils ne l’obtiennent pas, ou alors elle n’a pas la même valeur. Le niveau de langue est très important car il conditionne l’accès à l’université. Il faut donc qu’ils suivent plusieurs cours de français dans plusieurs structures différentes car une association ne propose pas forcément tous les niveaux, du A1 au B2.”
A l’apprentissage de la langue s’ajoutent aussi l’apprentissage du fonctionnement du marché du travail français, des codes de l’entreprise, des techniques de recherche d’emploi, et enfin l’apprentissage du maniement des outils numériques. “Les freins principaux sont le faible niveau de français, la fracture numérique mais surtout le mal-logement. La question du temps est également fondamentale dans l’insertion vers l’emploi : le public réfugié peut être hébergé mais la prise en charge est limitée dans le temps. Après quelques mois passés dans un CADA (Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile), il y a la pression de trouver une autre solution.”, explique Manuela.
Les difficultés à entrer sur le marché du travail et la précarité isolent bien souvent ces jeunes de la société. De plus, nous constatons que les jeunes ont davantage tendance à douter de leurs compétences et aptitudes, compliquant ainsi leurs capacités à s’engager dans un parcours d’insertion globale. Par conséquent, ils sont ceux qui nécessitent un accompagnement plus personnel et soutenu. “Quand on est jeune, on est aussi peut-être plus tiraillé par des questionnements identitaires que lorsqu’on est adulte et la précarité, le mal-logement et l’isolement rendent l’insertion encore moins évidente”, ajoute Faustine.
L’ “aller-vers” : des solutions pour favoriser l’insertion globale des jeunes réfugiés bénéficiaires
Afin d’accompagner aux mieux ces jeunes, ACINA a développé une méthodologie basée sur “l’aller-vers”. Tout d’abord, en allant à la rencontre de ces jeunes pour leur présenter les possibilités d’accompagnement, notamment via la Mission locale et l’accès à la formation, puis en allant vers les partenaires formation et emploi pour développer de nouvelles opportunités pour ces jeunes. “On essaye de sensibiliser les jeunes à suivre une formation car ça leur permet de se qualifier, d’avoir plus de choix, de rencontrer d’autres personnes, et d’améliorer le niveau de langue, ce qui lève de nombreux freins. Il existe aussi le dispositif du Service Civique pour se sentir utile et favoriser les rencontres, c’est une bonne alternative à la formation.”, explique Faustine.
Enfin, ACINA développe une démarche de sensibilisation, en allant vers les partenaires sociaux pour assurer un travail qui soit complémentaire. “Le public réfugié fait souvent face à un isolement. Or la mixité sociale, l’accès à la culture et au tissu associatif sont essentiels pour les jeunes qui ont besoin de rencontrer d’autres jeunes. On promeut donc cet accès à la culture et au tissu associatif grâce à nos partenaires.”, ajoute Manuela.
Depuis fin 2019, ACINA a accompagné 15 jeunes bénéficiaires de la protection internationale de moins de 30 ans dans le département de Paris et du Val d’Oise. Parmi ces jeunes, 8 ont accédé à une formation professionnelle et 7 ont accédé à un emploi.