Si l’extrême droite remporte les élections

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Le premier tour des élections législatives a montré que le risque de voir notre pays gouverné par l’extrême-droite est réel.

Depuis quelques années, nous constatons une remise en cause des droits fondamentaux des personnes les plus fragiles. La loi du 26 janvier 2024 pour “contrôler l’immigration, améliorer l’intégration”, par exemple, est une des lois les plus répressives envers les personnes migrantes. Mais une victoire du Rassemblement national porterait cette évolution à un tout autre niveau, et aurait de lourdes conséquences pour le public d’Acina. 

Notre association accompagne des personnes en situation de mal-logement, vivant en bidonville, squat ou hôtel social. Il s’agit de personnes en situation d’extrême précarité, citoyennes de l’Union européenne ou réfugiées. Elles ont l’autorisation de travailler en France, ce qui leur confère un certain nombre de droits. Elles seraient néanmoins directement impactées par le programme du Rassemblement National, qui prévoit : 

  • La préférence nationale sur l’attribution des logements sociaux et l’accès à l’emploi : ainsi une personne étrangère en situation régulière, éligible à un logement social, ne pourra plus faire valoir son droit au logement, à cause de son origine
  • La remise en cause de l’inconditionnalité de l’accueil en hébergement d’urgence
  • La suppression de l’aide médicale d’Etat (AME)
  • La suppression de l’accès à l’Aide Sociale à l’Enfance pour les enfants étrangers, et la sortie de la Convention internationale des droits de l’enfant
  • La restriction des allocations familiales aux seuls Français et la restriction des prestations sociales non contributives à 5 années de travail en France. 

Ces mesures populistes font une lecture erronée des faits (en ciblant de supposés “assistés”) et méconnaissent les réalités de l’insertion. 

Pour donner un exemple : le dernier rapport de Médecins du Monde montre que dans ses centres de soin, qui ont accueilli 17 000 personnes en 2023, 86% des personnes éligibles à l’AME n’avaient pas de droits ouverts. Qui dit pas de droits dit souvent pas de recours aux soins avant que la maladie ne soit à un stade avancé. Les conséquences sur la santé des personnes sont gravissimes ; en outre, elles pèsent lourd sur un système hospitalier déjà à bout de force, ainsi que sur les finances publiques. Il ne faut pas supprimer l’AME, il faut au contraire mieux la faire connaître, comme le font au quotidien les équipes d’Acina.

L’inconditionnalité de l’accès à l’hébergement est inscrite dans le code de l’action sociale et des familles, qui prévoit que “toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale, a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence”. Les associations de terrain connaissent bien les effets dévastateurs des séjours prolongés à la rue, en particulier pour les femmes et les enfants. Ils rendent en outre l’insertion infiniment plus complexe. Il y a déjà près de 3000 enfants qui dorment dans la rue, qui peut souhaiter voir ce chiffre grossir encore ? Ce serait pourtant une conséquence directe de la restriction de l’accès à l’hébergement, au logement et aux prestations sociales.

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Nous avons aujourd’hui un autre motif d’inquiétude. Les personnes accompagnées par ACINA ont en commun un vécu de discriminations, en particulier pour les personnes roms ou perçues comme telles, qui font face à un fort racisme, appelé “antitsiganisme”. L’indice de tolérance de ce groupe est, de loin, le plus faible de toutes les minorités, selon le dernier rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Historiquement, les Roms ont souvent été les premiers à faire les frais des tensions sociales. 

Aujourd’hui nous redoutons la libération des discours de haine et des violences verbales et physiques contre les habitants des bidonvilles. Nous en avons déjà eu des exemples significatifs ces dernières semaines.

Enfin, et avec la prudence nécessaire car le contexte n’est évidemment pas le même, on ne peut taire un dernier fait : pour toutes les associations accompagnant des personnes tsiganes, les revendications nationalistes évoquent le souvenir des 250 000 à 600 000 Tsiganes tués par le régime nazi. Cette histoire tragique n’est pas condamnée partout de la même façon : les députés du Rassemblement national ont voté contre un texte symbolique proposé par le Parlement européen visant à reconnaître les crimes perpétrés contre les Tsiganes durant la Seconde Guerre mondiale. Un parti qui ne reconnaît pas les crimes d’hier condamnera-t-il ceux de demain ?

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Chez Acina, nous aspirons à une société ouverte, qui prenne soin des personnes les plus fragiles, qui inclue les minorités, et qui permette à chaque enfant, quelle que soit son origine, d’aller à l’école, de dormir dans un lit, de manger à sa faim, d’avoir des rêves et des projets. 

Dimanche,  cet espoir peut s’éloigner. Mobilisons-nous.

Pour aller plus loin :

  • le décryptage de la politique sociale du RN par la Fédération des Acteurs de la Solidarité
  • les 10 propositions de la Fédération des Acteurs de la Solidarité
  • l’appel du Pacte du Pouvoir de Vivre

https://www.pactedupouvoirdevivre.fr/desistement

  • Le site de la Coalition 2024 

https://www.coalition2024.fr